Qui a tué Roger Ackroyd, de Pierre Bayard

De toute façon, ce n’est pas moi, ça je peux le certifier.

Je veux aussi insister sur ce qui m’a réellement exaspérée à propos de ce livre, sur ce que je trouve finalement très grave = l’éditeur ne juge pas nécessaire de prévenir le lecteur que Pierre Bayard donne non seulement le nom du coupable dans « Le Meurtre de Roger Ackroyd », mais il donne le nom du coupable de pratiquement TOUTE l’œuvre d’Agatha Christie.

Je trouve cela réellement honteux et à la limite de la malhonnêteté de la part de l’éditeur ; je comprends que le propos de Mr Bayard est une étude comparative et littéraire, sur laquelle j’aurai d’ailleurs le plaisir de revenir et cela n’a pas non plus d’importance quand on a – comme moi – lu pratiquement tous les livres de la Reine du Crime, mais si l’on doit encore découvrir les polars de Lady Agatha, mieux vaut NE PAS LIRE « Qui a tué Roger Ackroyd », car ce livre est un SPOILER.
Bien, cette parenthèse nécessaire ayant été ouverte er refermée, revenons à nos moutons, en l’occurrence à ce petit livre assez court au titre original, présenté par les maisons d’édition comme une « véritable enquête policière » ; personnellement je réfute ce titre.

Le livre de Pierre Bayard, pour fort intriguant et bien écrit qu’il soit, propose quand même quelques théories personnelles particulièrement tirées par les cheveux.
Je suppose que lorsqu’on est à la fois psychanaliste ET professeur de littérature à l’Université de Paris, la tentation est grande d’analyser en détail.

Il semble prendre le contrepied d’Edmund Wilson, critique littéraire américain, connu pour ne pas mâcher ses mots et qui, détestant les livres policiers et surtout le succès remporté par « Le Meurtre de Roger Ackroyd » par Agatha Christie, écrivit un virulent article intitulé « Who care who killed Roger Ackroyd ! » (ce qui pourrait se traduire par « On s’en fout de qui a tué Roger Ackroyd » ! (Qu’il parle pour lui ce sale caractère !)

Pierre Bayard, bien au contraire, ne s’en fiche pas, mais par contre il décortique l’œuvre et plus particulièrement la manière dont Hercule Poirot développe sa théorie qui l’a conduit à démasquer le coupable.

J’ai pris le parti de lire l’essai de Pierre Bayard au second degré, en décidant de me moquer gentiment de ce professeur d’université (et psychanalyste) qui ne peut s’empêcher de plier des bananes dans tous les sens afin de faire admettre ses théories au lecteur.
Pour lui, Agatha Christie mène ses lecteurs par le bout du nez (qui oserait dire qu’il n’aime pas ça ; moi j’adore être menée sur de fausses pistes), que les théories de Christie via Poirot ne tiennent pas toujours la route si on les étudie en profondeur.

Bien sûr, le fait d’être professeur de littéraure à l’université lui fait aussi utiliser un vocabulaire qui m’a parfois déroutée car très académique. Je n’avais jamais entendu parler de « polysémie » ou d’ « herméneutique ». Je vais tenter de placer ça dans la conversation désormais, néanmoins ça risque de ne pas être aussi évident que ça.

Sinon, si vous avez lu la plupart des livres de la Reine du Crime, amusez-vous à décortiquer avec le professeur Bayard (sans peur mais non sans reproche à cause des révélations) l’œuvre de celle qui reste l’une de mes auteures préférées. (J’aime beaucoup Proust aussi, mais c’est pas le même régistre.)

Pierre Bayard a aussi un avis sur l’Œdipe-Roi de Sophocle (bin tiens !) que j’ai trouvé fort drôle même si plutôt surprenante.

La troisième partie de cet essai s’intitule « Délire » et son sous-chapitre « Qu’est ce qu’un délire ? ». Eh bien je répondrais que poser la question c’est y répondre lorsqu’on s’appelle Pierre Bayard.
Plus j’ai avancé dans le livre, plus j’ai été prise de fous-rire nerveux ; les profs et les psys ont généralement cet effet sur moi : ils me font rire bêtement.
Probablement parce que je n’ai pas les connaissances nécessaires pour suivre leurs raisonnements fumeux.

Je dois dire que dans j’aime bien les livres qui analysent la littérature. Par exemple, je suis une grande « fan » des livres de l’auteur britannique John Sutherland, dont j’ai eu le plaisir de lire « Is Heathcliff a Murderer ? » dans lequel il met aussi l’accent sur certaines inconsistances dans les romans anglais de l’époque victorienne.
C’est intéressant et ludique à la fois. Moins pointu que le livre de Pierre Bayard, mais tout aussi passionnant et donnant véritablement envie de relire tous les grands classiques de la littérature anglaise.

J'avoue que je l'ai lu et que je n'ai pas encore lu tous les livres d'Agatha Christie mais que j'ai oublié tous les meurtriers qu'il cite (sauf pour Dix petits nègres, mais ça, c'est parce que c'est le premier que j'ai lu !)

Mais bon, j'ai déjà démontré que mon cerveau a parfois des difficultés

Bref, je n'avais pas été convaincue par ce livre non plus !

... Moi aussi j'ai le cerf volant et je ne me rappelle même plus de quel livre alors Hein!!!