"L'enfant bleu" d'Henry Bauchau

Enfance, folie, thérapie par l'art, Henry Bauchau verse une part de son expérience de psychanalyse pour poursuivre un dialogue entrepris de longue date avec l'imaginaire, l'angoisse, et la création.

Pour sa première année d'analyste dans un hôpital de jour, Véronique prend en charge un adolescent de treize ans, Orion, en qui alternent l'application, de fortes inhibitions et des crises de violence que rien ne semble pouvoir entraver. Pâle, les cheveux longs, l'air souvent égaré, le garçon reconnaît perdre pied lorsqu'entrent en action les forces obscures qui le persécutent. « Nous deux, on est des normaux parce qu'on travaille ensemble. Moi, on est un peu un pas-normal parce que le démon de Paris, il saute sur mon dos, il me bousille la gueule, il me détractouille mais moins quand nous on est à deux. »
À force d'écoute, de sang-froid, d'intuition et de ténacité, Véronique perçoit chez son jeune patient un imaginaire particulièrement développé et l'oriente progressivement vers le dessin et la sculpture. Malgré les difficultés toujours plus nombreuses, Orion s'épanouit dans ses nouvelles activités et une sorte de complicité apparaît peu à peu entre eux. Devenue sa « psycho-prof-un-peu-docteur », Véronique pressent que son existence, sa vie de couple et son propre équilibre sont intimement liés aux progrès de l'adolescent…

Pour son dernier roman, Henry Bauchau met à profit son expérience de psychanalyste afin de plonger au plus profond des enfers de l'enfance handicapée, de ses angoisses, de ses souffrances, de ses incertitudes, de ses combats sans cesse renouvelés et de ses trop nombreux échecs. Déjouant habilement les archétypes du genre, il tisse un récit d'une grande authenticité où la générosité du propos le dispute à l'émotion.